Au 19e siècle, malgré sa fortune et sa puissance, la reine Victoria, qui régnait sur un quart de l’humanité a perdu une fille et une petite fille de la diphtérie. En 2011, vous pouvez acheter une dose de 10 vaccins pour 15 dollars et votre injection sera aussi efficace que celle que recevra l’actuelle Reine d’Angleterre.
Cesser de confondre croissance et développement.
Depuis plusieurs années des économistes du développement comme Charles Kenny et avant lui, Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998, se sont détournés de la croissance et mettent l’accent sur l’indice de développement humain (l’IDH), pour évaluer la qualité de la vie, une mesure composite fondée, dans chaque pays, sur l’éducation, la santé et les revenus : le Vietnam vient d’atteindre le niveau de revenu par habitant que la Grande Bretagne a connu au début du 19e siècle. Cependant 95 % des Vietnamiens savent lire et écrire contre 65 %, des Britanniques, à l’époque et leur espérance de vie est de 69 ans contre 41 ans dans l’Angleterre du 19e siècle.
Malgré cette note d’optimisme, certaines disparités persistent.
Pourtant, seul un optimisme relatif est possible car bien que les progrès soient notables, certains pays restent à la traine. Si l’on compare par exemple le Bénin et le Zimbabwe, pays qui avaient le même IDH en 1970 : en 2001, un bébé à Cotonou, Benin, peut espérer vivre jusqu'à 62 ans, contre 47, seulement, à Harare, Zimbabwe. De même, la Chine et la République Démocratique du Congo qui avaient le même IDH en 1970, présentent actuellement de nombreuses disparités: Le salaire d’un travailleur en Chine a augmenté de 2000 % en quarante ans, alors qu’en R.D.C., un travailleur moyen peut espérer faire seulement en 2010, un quart de ce qu’il touchait en 1970.
Néanmoins, fait peu remarqué la croissance en Afrique s’accélère comme jamais dans l’histoire de ce continent. Cette croissance bien que toute relative par rapport au miracle asiatique est néanmoins à souligner car ces progrès notables passent souvent inaperçu.
La pauvreté n’est pas une fatalité et nous pouvons tous faire quelque-chose.
L’innovation de la théorie de Charles Kenny réside dans le fait que le progrès est possible même en l’absence de croissance et ce, grâce à la réduction du coût des services susceptibles d’améliorer la qualité de vie, (santé ou éducation). Kenny met en avant l’impact des nouvelles technologies qui réduisent les coûts, permettant à des milliards d’individus d’échapper à la loi malthusienne selon laquelle plus d’individus sur terre entrainerait automatiquement une baisse de leur niveau de vie. Il suggère notamment que, dans ces pays, les aides extérieures soient plus axées sur le développement des nouvelles technologies et sur la base de programmes récompensant les familles qui vaccinent leurs enfants et les envoient régulièrement à l’école.
« Le meilleur argument contre l’impératif moral d’agir c’est de penser que nous ne pouvons rien faire. Continuer à penser ainsi, paralyse. » s’insurge Kenny qui poursuit : « La vraie question n’est pas de savoir si les programmes d’aide ont un effet sur le développement ; ils en ont un, sans aucun doute mais de discerner ceux qui induisent une action efficace et de les privilégier. »
par
Brigitte Ades
|